Une activité agricole réduite
L’urbanisation progressive de Bois-Colombes, à partir des années 1850, n’a pas empêché quelques éleveurs, maraîchers et horticulteurs de maintenir leurs activités sur des terres dont ils étaient jusque-là les principaux occupants. En 1905, 145 vaches sont élevées par 8 fermiers à Bois-Colombes. Le lait est vendu à des particuliers, des grossistes et des cantines scolaires. La plupart des éleveurs disparaissent durant la Seconde Guerre mondiale (on en dénombre 2 en 1945), probablement à cause du manque de nourriture. Installée au 62, rue Jean-Jaurès, la dernière ferme bois-colombienne appartenant à la famille Lesieur continue à fonctionner jusqu’en 1983.
Au milieu du 20e siècle, M. Deparis propose des visites tous les matins de sa ferme installée 19, rue Pasteur. Certaines vaches peuvent être agitées, attention au coup de corne !
Au début du 20e siècle, Bois-Colombes comptait également une dizaine d’horticulteurs. Profitant du micro-climat de la presqu’île de Gennevilliers, ces derniers produisent sur 3,5 hectares des légumes (pois, asperges, haricots et pommes de terre) et des plantes (orchidées, azalées, plantes vertes, etc.) sous serres chauffées, sous châssis ou en pleine terre. Installés généralement dans le quartier nord et le centre de la ville, 5 horticulteurs sont encore présents après 1945. Jusqu’à la fin des années 1980, les établissements H. Le Blévenec (167, rue Victor-Hugo) proposent à la vente des plants d’asperges, des fraisiers, des arbres fruitiers et d’ornement ou encore des fleurs naturelles ou en plastique.
Une parenthèse industrielle au 20e siècle
Au tournant du 20e siècle, l’activité industrielle à Bois-Colombes se limite à 3 imprimeries, 2 parfumeries et 2 fabriques employant autour de 70 personnes. Pourtant, la ville dispose d’atouts qui suscitent rapidement l’intérêt d’industriels : de vastes terrains libres et peu fertiles dans le quartier des Bruyères, 5 lignes de chemin de fer desservant la région parisienne et la Normandie ainsi qu’une gare de marchandises ouverte en 1891.
L’industrie cosmétique est notablement présente à Bois-Colombes au 20e siècle. L’entreprise Guerlain (employant de 18 à 140 ouvriers) s’installe à proximité de la gare de marchandises en 1904 pour y fabriquer des articles de parfumerie et de savon. Le bombardement de l’usine à deux reprises en 1943 provoque le départ du parfumeur pour Courbevoie vers 1951. D’autres sociétés s’établissent dans des secteurs habités comme Polak et Schwartz devenue International flavors & fragrances – IFF au 47, rue Victor-Hugo (de 1919 à 2005, 40 à 150 personnes employées pour la fabrication d’essences et de matières premières pour la parfumerie) et les Laboratoires du Docteur N.G. Payot situés 6 au 12, rue Cuny (de 1920 à 1993, 70 à 140 salariés, production de produits de beauté). Dans le domaine de la santé, il est à signaler l’existence d’une fabrique de dents en porcelaine, Dentalina, arrivée au début du 20e siècle au 72 de l’actuelle rue du Général-Leclerc (40 à 125 salariés). L’entreprise quitte Bois-Colombes vers 1998.
Dans les années 1940, l’odeur entêtante qui s’échappe de la distillerie de l’entreprise Polak et Schwarz, sise 47, rue Victor-Hugo, provoque le mécontentement des Bois-Colombiens.
Dans la première moitié du 20e siècle, le quartier des Bruyères devient le berceau de plusieurs entreprises de l’industrie mécanique. Hispano-Suiza, équipementier automobile, choisit Bois-Colombes en 1914 pour construire son usine française. Cette société rencontre le succès en innovant dans les domaines aéronautique, nucléaire, industriel, spatial, etc. Occupant jusqu’à 10 hectares du territoire, l’entreprise emploie plus de 4000 personnes dans les années 1960. L’usine déménage à Colombes en 1999. A quelques pas d’Hispano-Suiza, sont aussi implantés un équipementier aéronautique, Air Equipement (1937-1950), et un fabricant de roulement à billes, SKF (1923-1980, 230 à 900 salariés). Profitant de la proximité de la gare de marchandises, le quartier accueille plusieurs entrepositaires à l’instar des établissements Roustan (combustibles en gros, années 1920-années 1990), des entrepôts de Bécon (vins, alcool et spiritueux en gros, années 1930-années 1960) et de la SNCF (années 1950-années 2000).
Après-guerre, l’activité d’Hispano-Suiza reprend son cours. Les ateliers les plus anciens (à gauche de la tour carrée portant la mention Hispano-Suiza) ont particulièrement été endommagés par les 3 bombardements de 1943.
Une entrée dans l’économie tertiaire au 21e siècle
Au début des années 2000, le quartier des Bruyères se compose de près de 20 hectares de friches industrielles et ferroviaires. Mise en œuvre dès 2003, une opération d’aménagement permet de transformer l’ancien quartier industriel en un territoire accueillant notamment des activités du tertiaire. Le quartier des Bruyères retrouve ainsi sa fonction économique grâce à l’implantation d’entreprises spécialisées dans les télécommunications (IBM, depuis 2009 au 17, av. de l’Europe, 3500 salariés) et les assurances (Aviva, depuis 2005 au 80, av. de l’Europe, 1740 salariés / Coface, depuis 2013 au 1, place Costes-et-Bellonte, 1 300 salariés). Des sociétés du secteur de l’énergie ont aussi choisi Bois-Colombes pour établir leur siège social (GRT Gaz, depuis 2013 au 6, rue Raoul-Nordling, 450 employés / Storengy, depuis 2013 au 12, rue Raoul-Nordling). Des ateliers de maintenance de la SNCF occupe, à partir de 2019, une partie de l’ancien emplacement de la gare de marchandises. En 2023, c’est enfin la société Sagemcom qui occupe une partie des derniers immeubles de bureaux bordant l’allée des Messageries.
Dans les autres quartiers de la ville, d’anciens bâtiments industriels ont été réhabilités pour accueillir sièges sociaux ou bureaux. C’est le cas des anciens locaux d’IFF et de l’entreprise de parfumerie Sozio (57, rue Henry-Litolff). Ces derniers abritent aujourd’hui le siège social de Sincoplas, société de fabrication de matières plastiques présente à Bois-Colombes depuis 1979 (105 employés).